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Les maladies des NACs senior

Mélanie Coquelle Par Le 22/08/2021

Dans Culture NAC

Le système immunitaire d’un animal vieillissant devient plus fragile et le rend plus susceptible de développer toutes sortes d’infections. Par ailleurs, les défaillances organiques et le développement de tumeurs sont également plus fréquentes ainsi que les affections découlant d’une baisse d’activité.

Veterinaire nac furet coquelle dr nacophile paris

Voici un petit tour des affections les plus fréquentes chez vos petits mammifères arrivés un âge considéré sénior !

La cataracte est une affection fréquente chez l’animal vieillissant. Elle peut toucher un seul ou les deux yeux. C’est une maladie non douloureuse, mais elle peut rendre votre animal moins entrain à se déplacer et plus stressé. Dans ce cas, il est conseillé de ne pas modifier votre environnement afin qu’il garde ses repères et se sente plus en sécurité. Des traitements existent mais ne sont envisageables que sous certaines conditions.

Les infections et inflammations chroniques de l’œil sont aussi plus fréquentes et peuvent être secondaires à des affections des canaux lacrymaux (infection, sténose, fibrose) en lien avec des maladies dentaires

Le chinchilla peut présenter une maladie dégénérative de l’œil provoquant le développement de calcifications en avant de l’iris.

Les otites externes sont plus fréquentes chez les individus vieillissants, ces derniers étant parfois moins disposés à se nettoyer les oreilles. Les lapins béliers sont plus prédisposés en raison de la sténose de leurs conduits auditifs.

De part la baisse d’immunité, les animaux gériatriques sont plus susceptibles de développer des maladies respiratoires pouvant devenir chroniques. Des conditions environnementales inadaptées peuvent aussi être un facteur favorisant. Tous les niveaux de l’appareil respiratoire peuvent être touchés (rhinite, trachéite, bronchite, pneumonie…). Voici un tableau répertoriant les germes et les situations communément observées en fonction des espèces.

Tableau respi lauriane

Certaines maladies cardiaques peuvent également présenter des symptômes respiratoires et cette éventualité doit être prise en compte dans le diagnostic différentiel (congestion pulmonaire chronique liée à une insuffisance rénale).

 

Chez le lapin, une dégénérescence osseuse localisée au niveau des vertèbres appelée spondylose peut être à l’origine de douleurs et de « blocages » en région cervicale et lombaire. Des lésions arthrosiques peuvent aussi se former en région lombaire et au niveau des hanches. Les cobayes peuvent aussi présenter ce type de lésions. Les articulations se fibrosent progressivement et le cartilage est détruit. Elles finissent par s’ankyloser, provoquant douleur et difficultés de déplacement (l'ankylose étant un blocage de l'articulation).

Les examens d’imagerie tels que la radiographie permettent de diagnostiquer ce type d’affection. La prise en charge consiste à gérer la douleur et l’inflammation. L’utilisation de thérapeutiques complémentaires (ostéopathie, phytothérapie, laser thérapeutique…) est très intéressante dans la gestion à long terme de ces maladies.

 

Le rat présente une maladie dégénérative appelée polyradiculoneuropathie et se caractérise par une paralysie postérieure ascendante et progressive. Le syndrome débute au niveau de la moelle épinière en région lombo-sacré et se caractérise par une autodestruction de la gaine entourant les nerfs. Malheureusement cette pathologie est incurable, mais les individus malades peuvent vivre un certain temps avec en conservant une qualité de vie correcte. Des cas de hernies discales ont également été décrites chez le rat et la souris secondaire à la dégénérescence des disques intervertébraux.

La principale affection dermatologique des petits mammifères vieillissant est la pododermatite. Les facteurs favorisant sont :

- le surpoids,

- la sédentarité,

- une alimentation inadaptée,

- un sol trop abrasif

- une dermatite urineuse.

Sans prise en charge adaptée, les lésions peuvent s’ulcérer et s’infecter allant jusqu’à une infection des os (le plus souvent à staphylocoques). Un nettoyage des lésions profondes sous anesthésie voire une amputation peuvent parfois être nécessaires.

A la maison, des soins locaux et l’installation de tapis (tapis de yoga, drybed…) permettent de soulager la douleur du patient de de l’aider à se déplacer à nouveau. L’utilisation d’un laser thérapeutique peut être envisagé chez certains vétérinaires pour favoriser la cicatrisation des lésions et plaies des pattes. Chez le cochon d’Inde, la complémentation en vitamine C doit être adaptée. En effet, cette vitamine participe à la fabrication d’un tissu conjonctif de bonne qualité et donc d’une peau moins fragile.

Retourne de lapin

La position en siège permet d'évaluer les pattes de votre lapin et surveiller une pododermatite 

 

Chez le cobaye mâle non stérilisé, les glandes sébacées périanales ont tendance à sécréter un matériel cireux et malodorant avec l’âge. De plus, la poche périanale est plus profonde et l’animal peut avoir plus de mal à se toiletter. Ainsi, le risque d’impaction est plus important et favorise les irritations et les surinfections sont possibles.

Enfin, les animaux vieillissant peuvent souffrir d’une baisse d’immunité ou d’une diminution de l’état général liée à une maladie concomitante, favorisant ainsi le développement d’infestations parasitaires telles que des acarioses comme la gale. C’est notamment le cas des cochons d’Inde qui peuvent être porteurs asymptomatiques de tels parasites. Le traitement de telles pathologies peut parfois être temporisé jusqu’à ce que l’animal soit plus stable pour le supporter.

Chez les petits rongeurs tels que la souris et le hamster, les périodontites secondaires à l’accumulation de poils à la base des gencives sont plus fréquentes avec l’âge. La réaction inflammatoire qui en découle mène à une résorption osseuse et possiblement à une attrition dentaire.

Chez le lapin et les plus grands rongeurs (cobaye, chinchilla, octodon), les malocclusions dentaires ne sont pas rares et sont secondaires à une alimentation inadaptée et pauvre en fibres. Cette pathologie favorise le développement d’infections dentaires et d’abcès. Des soins à vie sont malheureusement nécessaires pour permettre à l'animal atteint de manger seul.

Chez le furet, les infections gingivales et dentaires comme le tartre chez le vieux furet ne sont pas rares. Ils peuvent également souffrir de fractures dentaires, principalement des canines. Les maladies gastro-intestinales sont également fréquentes chez ce petit carnivore lorsqu’il prend de l’âge. Il est plus susceptible de développer une Entérite Catarrhale Épizootique (ECE), des ulcères gastriques, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ou encore des trichobézoards.

Detartrage furet avant apres 1

Photo : Dentition d'un furet avant et après détartrage

  • Les maladies rénales

Les affections rénales ne sont pas rares chez les petits mammifères NAC, qu’ils soient herbivores ou carnivores. Les symptômes sont aussi variés que de l’amaigrissement, de l’anorexie, de l’abattement, de la diarrhée, une augmentation de la prise de boisson et de la production d’urine ou encore de la déshydratation. Le seul signe observable est parfois une souillure urinaire de l'arrière train. Les maladies possibles sont très variées (inflammation, infection, dégénérescence…) et peuvent finir en insuffisance rénale. Les lapins peuvent entre autres présenter une insuffisance rénale secondaire à une infection à Encephalitozoon cuniculi.

Chez le furet, la maladie rénale la plus fréquente est une inflammation chronique d’une partie du rein (néphrite interstitielle) pouvant mener à une insuffisance. Les kystes rénaux sont également assez fréquents. Chez les petits rongeurs (rat, souris, hamster), la dégénérescence du tissu rénal est l’affection la plus fréquente. Une alimentation riche en protéines est un facteur favorisant.

 

  • Les maladies de l'appareil reproducteur

Chez le cochon d’Inde, les femelles non stérilisées de plus de 3 ans peuvent présenter plusieurs affections de l’appareil génital dont des tumeurs, des infections utérines et vaginales et des kystes ovariens (presque 60 % des femelles entières). Les kystes sont le plus souvent asymptomatiques, mais ils peuvent parfois gêner le transit ou être à l’origine d’une perte de poils symétrique sur les flancs. Lorsque c’est le cas, la stérilisation est le traitement de choix.

Kystes ovariens lauriane

Echographie de kystes ovariens chez un cochon d'inde (image du Dr DEVAUX)

 

Chez la lapine non stérilisée, l’adénocarcinome utérin est l’affection la plus fréquente avec une incidence de 60 à 80% passé l’âge de 3 ans. Dans certains cas, les lésions cancéreuses sont précédées d’une hyperplasie de l’endomètre. Le traitement de choix est la stérilisation, mais un bilan d’extension au préalable est nécessaire afin de diagnostiquer l’éventuelle présence de métastases qui assombrissent le pronostic. 

Chez le lapin, le cobaye et le chinchilla l’insuffisance cardiaque congestive, les maladies congénitales cardiaques, les maladies myocardiques, valvulaires ou vasculaires sont régulièrement rapportées. A noter qu’à tout âge ces animaux, lorsqu’ils sont soumis à un stress prolongé peuvent subir une décharge de catécholamines à l’origine d’une constriction du système vasculaire du cœur et d’une « crise cardiaque ».

Chez le furet, les cardiomyopathies dilatées et hypertrophiques sont les maladies cardiaques les plus fréquentes. Les maladies valvulaires sont décrites mais moins fréquentes.

Les rats sont moins sujets aux maladies cardiaques que les souris, mais certaines lignées semblent plus prédisposées suggérant le rôle d’un facteur génétique. Les hamsters et gerbilles sont, au contraire, plus sujets aux maladies vasculaires.

Les symptômes cardiaques incluent une fatigabilité, de la léthargie, des troubles de la conscience ou encore certains symptômes respiratoires comme l’essoufflement ou la toux. L’examen complémentaire de choix, lorsque la taille du patient le permet, est l’échocardiographie. Les traitements disponibles chez les chiens et les chats peuvent être utilisés dans le traitement de certaines de ces maladies.

L’incidence des maladies tumorales augmente avec l’âge de l’animal, qu’elles soient bénignes ou malignes. Voici un tableau récapitulant les tumeurs les plus fréquentes chez les petits mammifères.

Tableau cancer lauriane

Certaines tumeurs peuvent être à l’origine de syndromes paranéoplasiques. Chez le lapin, des anémies hémolytiques, des hypercalcémies ou encore des dermatites exfoliatives ont été décrites. Ces syndromes disparaissent en cas de rémission.

Lorsque cela est possible, la ou les tumeurs pourront être retirées chirurgicalement si le bilan d’extension est négatif (=absence de métastases visibles). Dans certains cas, des traitements plus poussés tel que la radiothérapie peuvent être envisagés et présentent de bons résultats. En revanche, les traitements de chimiothérapies semblent peu efficaces chez ces espèces.

Le mot de la Dre Lauriane DEVAUX

Buse de harris presentee pour suspicion d aspergillose par son veterinaire traitant 2h30 de route

"Un suivi gériatrique assidu de votre animal permet de réagir précocement en cas de maladie et de mettre en place un traitement adapté le plus tôt possible, ce qui peut parfois rallonger son espérance de vie. Lorsque votre animal vieillit, votre vétérinaire est votre meilleur allié. N’hésitez pas à lui faire part de vos observations lors des consultations afin de mieux orienter ses examens. L’âge n’est pas une contre-indication à la mise en place de soins ou à l’anesthésie d’un individu. Votre vétérinaire pourra prendre en compte la balance bénéfices-risques et vous éclairer afin de garantir le maintien d’un confort de vie acceptable pour votre animal et de l’accompagner au mieux dans sa fin de vie."

 

Pour retrouver la présentation de la Dre Lauriane DEVAUX, rendez vous sur son blog NAC Atlan Vet !

 

Bibliographie

1 – BAYS TB. Geriatric care of Rabbits, Guinea Pigs and Chinchillas. Vet Clin Exot Anim. 2020 ; 23 : 567-593.

2 – REAVILL DR. Pathology of diseases of geriatric exotic mammals. Vet Clin Exot Anim. 2020 ; 23 : 651-684.